Les hameaux oubliés de Quinçay
Notre Village n’est pas seulement une commune périurbaine de la 2ème couronne de Poitiers, mais une charmante petite cité qui possède un patrimoine intéressant à découvrir ou à redécouvrir !
Parcours du Tour de France 2020 à Quinçay
Le 9 septembre dernier, le Tour de France cycliste édition 2020, est passé vers 15h30 à Quinçay, non pas en Centre Bourg sur la D12 comme nous aurions pu le penser, mais au sud du territoire communal, en bordure du champ de tir, sur 4 km le long de la D6, c’est-à-dire en empruntant la route départementale qui va de Béruges à Biard. Connaissez-vous ces lieux-dits traversés, à l’écart du bourg, que sont la Maison Forestière du Poteau, la Jagorderie ou la Courtille ?
Les noms de Montpouet, Villeneuve et le Dognon, en plus de la Jagorderie vous évoquent-ils quelque chose ?
Aviez-vous eu connaissance de ces 4 hameaux, rayés de la carte communale, suite à la création en 1878 du champ de tir de Biard ? C’est cet épisode historique pour notre commune, que nous allons vous raconter. Revenons maintenant à la disparition de ces quatre hameaux[1] et au déplacement de ses habitants vers d’autres lieux de la commune de Quinçay ou des villages voisins.
C’est par un décret en date du 4 avril 1878 signé du Maréchal de MAC-MAHON, Président de la République, et du Général BOREL, Ministre de la guerre, que fut déclarée d’utilité publique l’acquisition de parcelles de terrains pour une superficie de 685 hectares situées sur les communes de Poitiers, Biard, Vouneuil-sous-Biard et Quinçay en vue d’installer sur le plateau de Biard, « un champ de tir permanent à longue portée pour la neuvième brigade d’artillerie ». Avec une contribution de 285 hectares, soit 41% de la totalité des parcelles expropriées, la commune de Quinçay sera amputée d’environ 9% de la superficie de son territoire. Cette situation entraînera des bouleversements importants en termes de déplacement de population avec la disparition de leurs hameaux, La Jagorderie, Villeneuve, Monpouet/Maupoit, Le Dognon, ainsi que le chemin qui reliait Poitiers à Latillé. Les recensements de la population réalisés[2] en 1876 et 1881, c’est-à-dire avant et post création de ce Polygone de Tir, nous renseignent sur l’habitat, le peuplement et les métiers exercés par les populations de ces hameaux maintenant oubliés. Le tableau ci-après dresse cet état des lieux avec un ajout pour les quelques écarts d’habitations présents en bordure du champ de tir et qui subsistent encore aujourd’hui :
[1] Actuellement seul, le lieu-dit la Jagorderie subsiste, avec une seule maison d’habitation. La Courtille demeure un écart de la commune de Quinçay avec quatre maisons d’habitations. Un écart, est un groupe d’habitations en milieu rural, généralement trop petit pour être considéré comme un village. L’élément fondateur est très souvent une ferme
[1] Actuellement seul, le lieu-dit la Jagorderie subsiste, avec une seule maison d’habitation. La Courtille demeure un écart de la commune de Quinçay avec quatre maisons d’habitations. Un écart, est un groupe d’habitations en milieu rural, généralement trop petit pour être considéré comme un village. L’élément fondateur est très souvent une ferme.
[2] Sources : Ldh/EHESS/Cassini
Jagorderie, Villeneuve, Monpouet/Maupoit, Le Dognon, ainsi que le chemin qui reliait Poitiers à Latillé.
Les recensements de la population réalisés[1] en 1876 et 1881, c’est-à-dire avant et post création de ce Polygone de Tir, nous renseignent sur l’habitat, le peuplement et les métiers exercés par les populations de ces hameaux maintenant oubliés. Le tableau ci-après dresse cet état des lieux avec un ajout pour les quelques écarts d’habitations présents en bordure du champ de tir et qui subsistent encore aujourd’hui :
[1] Sources : Ldh/EHESS/Cassini
A la création du champ de tir en 1878, c’est environ 4% de la population de Quinçay qui sera contrainte de quitter son habitation et de s’établir à l’extérieur de ce périmètre réservé.
La photographie des métiers pratiqués en 1876 dans ces hameaux nous apporte également une donnée sociologique intéressante. C’est l’objet de ce 2ème tableau spécifique :
En 1876, les exploitations agricoles recensées étaient plutôt considérées comme des métairies, alors que le recensement de 1841 mentionnait parmi les métiers exercés le bordier[1], au côté du fermier et du cultivateur. Quelques chiffres relevés en 1841 parmi les métiers de l’agriculture recensés dans ces hameaux :
- Le Dogon : 1 bordier
- Villeneuve : 3 bordiers
- La Jagorderie : 3 bordiers
- Montpouet/Maupoit : 1 bordier
[1] Il exploitait une borderie et payait une rente annuelle au propriétaire. Les borderies représentaient des exploitations agricoles entre 10 et 15 hectares, à ne pas confondre avec les métairies, qui plus grandes de 20 à 60 hectares, étaient exploitées par des fermiers. Le bâtiment d’exploitation d’une borderie, souvent réalisé en bois, ne comportait qu’une ou deux pièces.
[1] Il exploitait une borderie et payait une rente annuelle au propriétaire. Les borderies représentaient des exploitations agricoles entre 10 et 15 hectares, à ne pas confondre avec les métairies, qui plus grandes de 20 à 60 hectares, étaient exploitées par des fermiers. Le bâtiment d’exploitation d’une borderie, souvent réalisé en bois, ne comportait qu’une ou deux pièces.
Aujourd’hui, de ces hameaux disparus, il ne subsiste malheureusement que des ruines. La Jagorderie était le plus grand d’entre eux avec une maison restée encore en bon état jusqu’en 1970. Elle avait été baptisée « La Villa des ajoncs ». A Villeneuve, il y avait une grande plaine et une mare où chacun pouvait pêcher la grenouille à l’époque. Les hameaux de Montpouet et Le Dognon étaient les moins peuplés, avec une seule maison pour chacun d’eux. Lorsque vous traversez le champ de tir, en empruntant la route D12A, quelques restes de Montpouet sont encore visibles dans la grande courbe à proximité du pas de tir. Néanmoins, certains vestiges de ces hameaux disparus sont toujours présents, comme la croix dite de La Jagorderie, implantée sur le bord de la route départementale D6.
Emplacement de la croix de La Jagorderie
D’après les différentes recherches effectuées, son origine remonterait à 1860 et elle matérialiserait au niveau de la ligne d’arbres plus au nord la traversée du chemin actuel qui mène au château de Visais. Sur cette croix peut être relevée malgré les dégradations, côté route, l’inscription F.G 1685. Quelle est la signification de cette épigraphe ?
Enfin pour conclure, où sont partis ces habitants déplacés ? Des recherches dans les registres des archives départementales[1], par la consultation et l’interprétation des recensements de 1876 et 1881, permettraient éventuellement de répondre à cette question. Une autre piste pourrait s’appuyer sur la mémoire générationnelle d’anciennes familles de Quinçay, qui ont été directement confrontées à cette situation…
Rédaction : François FAIVRE
Documentation : Monique MEGE, Janine CHALEROUX et Association Quinçay d’Hier à Aujourd’hui
Crédits photos : Claude ALLEAUME
[1] url : https://archives-deux-sevres-vienne.fr/n/archives-en-ligne
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